Radio France se prend les pieds dans son obsession anti-nazie
À qualifier tout le monde de nazi, à la fin, le mot ne veut plus rien dire.
Parfois, l’actualité, aussi horrible ou pesante soit-elle, permet d’éclairer certaines réalités que beaucoup trop ne voulaient pas voir ou refusaient simplement de croire.
Cette fois-ci, le contexte général de la guerre israélo-palestinienne fournit l’occasion de mettre en exergue les talents d’un certain Guillaume Meurice, un des “humoristes” dont Radio-France achète les productions.
C’est la magie du service public – payé par les impôts de tous : elle permet de nourrir un nombre improbable d’intermittents de l’intelligence et elle offre une tribune à toute une sélection de chroniqueurs à la plume affûtée comme du beurre chaud, que les auditeurs – bizarrement de moins en moins nombreux – découvrent chaque jour s’égayant sur les ondes pour raconter leurs âneries avec une application qui force l’admiration.
Ainsi, prenant prétexte du conflit actuel au Proche-Orient, Meurice a tenté l’incursion dans l’humour, territoire dont il est pourtant étranger et dont les dangers, féroces lorsqu’on est sur une chaîne publique engluée dans des barils de bien-pensance lourde et collante, n’ont pas manqué de se manifester très vite : dressant un inventaire des costumes “pour faire peur” à l’approche d’Halloween, il a évoqué Nétanyahou en le qualifiant de “sorte de nazi sans prépuce”…
Ce qui n’a pas manqué de faire réagir les quelques auditeurs encore présents sur la chaîne, dont certains ont même été suffisamment secoués pour s’en ouvrir auprès de la médiatrice. Cette dernière a contacté la direction, obtenant une réponse relativement gnangnan de la directrice de la chaîne.
Eh oui : au-delà de l’évident constat, maintes fois posé, qu’on ne peut pas rire de tout avec tout le monde, il apparaît cependant assez évident qu’affubler un dirigeant israélien du qualificatif de nazi peut mener à plus que des haussements de sourcil.
Cependant, pour avoir fait cette comparaison, Meurice, avatar moyen de ce que le service public produit de plus standard en matière d’Entre-Soi, n’a pas compris qu’il commettait une faute. En effet, de nos jours, tant dans les médias (qu’il soit de service public ou pas, d’ailleurs) que dans l’Hémicycle, on traite de nazi tout le monde sans arrêt et avec décontraction. À force, le mot n’a plus vraiment d’autre sens que “méchant de droite” voire “vilain pas beau qui n’est pas du même avis que moi”, tant il a été utilisé à tort et à travers par des gens dont la culture (notamment politique) est plus qu’approximative.
En fait, les petites troupes “antifascistes”, les éternels excités d’extrême-gauche qui n’ont de cesse de l’employer pour qualifier tous leurs opposants sans la moindre distinction, les brochettes de commentateurs zélés de l’actualité adoubés par la Pensée Officielle Autorisée qui collent l’étiquette “Hitler” à chaque populiste (googlez “Trump is Hitler” ou “Bolsonaro is Hitler” pour deux minutes d’humour Meurice™) ont largement participé à rendre inopérant ce qualificatif pourtant précis – à tel point, d’ailleurs, que la plupart de ceux qui le distribuent avec gourmandise oublient qu’il comporte le mot “socialiste” dont ils se revendiquent en même temps et sans trembler.
Et lorsqu’enfin, un des bouffons attitrés de Radio France commence à l’utiliser dans un contexte de guerre, avec tout ce qu’elle peut comporter d’événements horribles et de surcroît pour un dirigeant juif, cela ne peut déclencher qu’une certaine stupéfaction et ce d’autant plus que – et ce pauvre Meurice, mal outillé intellectuellement, ne pouvait guère l’appréhender – l’ensemble du service public oscille maintenant entre ses pulsions clairement antisémites et son absolu rejet de tout antisémitisme.
Eh oui : paradoxe cruel que celui dans lequel l’extrême-gauche se vautre actuellement, où elle a toujours braillé, aussi fort que possible, être en pointe de la lutte contre le racisme, le fascisme, le nazisme, l’antisémitisme et tous ces autres “ismes” à l’exception du communisme ou du socialisme, et qui, en même temps et par son devoir indispensable d’ouverture aux autres et à un multiculturalisme millimétriquement contrôlé, doit aussi composer avec toute une foule de courants qui sont, eux, clairement antisémites.
Or, ce sont ces individus, ces courants paradoxaux qu’on retrouve un peu partout dans la classe jacassante et donc inévitablement dans les fromages républicains, les médias publics en constituant l’un des plus crémeux. Il n’est qu’à voir les gymnastiques intellectuelles, véritablement olympiques, d’un nombre conséquent de gauchistes de la classe jacassante (élus ou non) pour comprendre le malaise déclenché par le faux-pas du chroniqueur. De même qu’il est assez difficile de concilier islam et progressisme sexuel occidental débridé à base de transidentité et autres manipulations de genre, il est très compliqué de faire de l’antisémitisme de combat avec des gens qui se sont ouvertement déclarés en guerre contre les Juifs.
Ces constats et l’agitation qu’ils provoquent (enfin ! pourrait-on dire) permettent aussi d’oublier que les services publics, financés par l’argent de tous, devraient afficher une certaine pluralité des opinions et un minimum de respect des différentes sensibilités de leurs contribuables.
Ce n’est pas le cas ni pour l’un, ni pour l’autre : sur les services publics, la plupart des opinions contrariantes n’ont plus droit de cité et ce, quelque soit le sujet. En pratique, les quelques débats qui ont encore lieu n’existent que dans un cadre extrêmement contrôlé ou la parole dissidente sera toujours systématiquement “contextualisée”, marginalisée voire ostracisée (un contrariant, de préférence timide voire empoté contre une demi-douzaine d’avatars de la Pensée Officielle Autorisée) et on trouvera de nombreux arguments en faveur de restrictions toujours plus grandes de son expression. Un seul son de cloches doit dominer.
Quant au respect du contribuable, il a cessé depuis bien longtemps : les chrétiens servent par exemple régulièrement de punching-ball, et le mépris sans limite des intervenants pour la populace qui a le mauvais goût de s’entasser au-delà du périphérique parisien ne fait que s’ajouter à l’hémiplégie à gauche assumée des chaînes publiques. On se souviendra par exemple du même Meurice qui brocardait sans ménagement les commerçants pendant les confinements, ces derniers contribuant sous la contrainte au financement de celui-là même qui leur vomissait dessus.
Non vraiment, pas de doute : ce qui se passe au Proche-Orient est abominable mais permet de rappeler à tous pourquoi les médias ne devraient jamais recevoir un centime de la part de l’État et pourquoi le gauchisme qui gangrène complètement les services publics est un antihumanisme dans toutes ses facettes.